Maurice Feschet, le plaignant français

Le "grand-père inquiet" qui lutte contre "l’inaction climatique"

Maurice Feschet constate les degats sur l’exploitation de lavande aujourd’hui reprise par son fils Renaud. Ils estiment qu’ils ont perdu environ 5ha de production (sur les 28ha qu’ils exploitent) en raison du dérèglement climatique.

« Ma famille exploite une production de lavande depuis trois générations. À cause des impacts des changements climatiques, la production n’est plus viable. Dans la région, les périodes de sécheresses ont considérablement augmenté depuis les années 1960. Les aléas climatiques ont sévèrement affecté la culture de la lavande. Les températures trop élevées en janvier ou février, lorsque les plantes commencent à pousser, suivies d’une période de gel plus tard en début de printemps, tuent les plantes. Le dérèglement c’est aussi des périodes de pluies excessives qui noient les plantations très sensibles au trop d’eau. Les lavandes dont le durée de production était de 23 ans peuvent maintenant être déracinées à partir de l’âge de 4 ans avec seulement 2,5 ans de récolte.

« 44% en 6 ans : cela représente nos pertes réelles de récoltes en Provence à cause de ces impacts qui nous frappent de plus en plus durement. Les politiques européennes et nationales ne nous écoutent pas »

Maurice feschet

Maurice Feschet dans la catégorie "Ceux qui agissent" du journal Le Monde

Aux côtés de Greta Thunberg, jeune militante suédoise de 15 ans, de Patrick Saint Pré, créateur de l’émission de radio Haïti Climat, ou de Yacouba Sawadogo, cultivateur burkinabé qui a fait revivre des terres réputées incultivables, Maurice Feschet, le plaignant français du People’s Climate Case, a été choisi par le journal Le Monde comme le portrait français de « ceux qui agissent » pour le climat et l’environnement. 

« Nous, citoyens, sommes là pour apporter notre témoignage. Nous ne sommes pas experts en climat, mais si ce n’est pas nous, qui sommes directement confrontés au problème, qui témoignons, je ne vois pas qui peut le faire. »

Par cette action, Maurice Feschet ne souhaite pas une indemnisation, mais plutôt éveiller les consciences et mettre les politiques devant leurs responsabilités : « J’agis en grand-père inquiet pour ses petits-enfants, poursuit-il. Il y a un terrain favorable maintenant, tout le monde commence à prendre conscience du problème. Il y a vingt ans, on n’aurait pas pu faire ça. Les Etats agiront d’autant plus s’il y a une demande des citoyens. »